« On s’aime, donc on n’utilise pas de préservatif ».
« J’ai entendu dire que la contraception provoque le cancer ».
« Les pilules provoquent l’avortement, et l’avortement est un péché ».
« Il a dit qu’il m’aimait, et qu’il prendrait la responsabilité du bébé ».
« Le port du préservatif rend les rapports sexuels moins agréables ».
Loin des 16 ans et enceinte de MTV, la réalité que vivent la majorité des mères adolescentes aux Philippines est sombre. Non seulement ces mères adolescentes sont confrontées à la stigmatisation d’avoir des enfants hors mariage, à la charge financière d’élever un autre être humain et à l’expérience épuisante de la grossesse et de l’accouchement, mais elles sont également exposées au risque de décès maternel. Aux Philippines, des centaines de milliers de filles, généralement âgées de 15 à 19 ans, deviennent mères sans le vouloir. Le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) a indiqué que le nombre d’adolescentes enceintes a augmenté de près de 70 % en l’espace de dix ans.
Prévalence de la contraception
Dans le document « Sexual and Reproductive Health of Young Women in the Philippines: 2013 Data Update » (Santé sexuelle et reproductive des jeunes femmes aux Philippines : mise à jour des données 2013) de le Guttmacher Institute, il a été rapporté que les adolescents mariés aux Philippines s’appuyaient presque autant sur les méthodes traditionnelles que sur les méthodes modernes (17 % et 19 %, respectivement). Les adolescents étaient beaucoup plus susceptibles que toutes les femmes en âge de procréer d’utiliser ces méthodes, qui ont un taux d’échec beaucoup plus élevé que la plupart des méthodes modernes. Vingt-neuf pour cent des adolescentes mariées avaient un besoin non satisfait de contraception, c’est-à-dire qu’elles voulaient éviter de tomber enceinte, mais n’utilisaient aucune méthode contraceptive. Cette proportion est beaucoup plus élevée que celle des femmes mariées de tout autre groupe d’âge (15-22 %).
De plus, les mythes sur la contraception à l’instar de celui selon lequel les contraceptifs provoquent le cancer et l’obésité, empêchent les adolescents de chercher l’aide dont ils ont besoin. Les groupes ultra-religieux et « pro-vie » propagent et renchérissent souvent ces mythes. Les communautés plus pauvres des zones rurales, qui ont moins accès à l’information et aux services médicaux, succombent souvent à cette propagande.
Dans l’étude Young Adult Fertility and Sexuality (YAFS, fertilité et sexualité des jeunes adultes) de 2013, 50 % des adolescents philippins citent leurs amis comme source d’information sur le sexe ; 23 % admettent qu’ils n’ont personne à consulter. L’étude indique que 40 à 45 % des adolescents n’ont pas accès à des documents sur la santé sexuelle. Ces adolescents se tournent vers la télévision et les médias populaires pour obtenir des informations (qui parfois sont inexactes).
L’église et l’État
Du côté du gouvernement, il y a encore beaucoup à faire pour lutter contre « l’épidémie » de grossesses chez les adolescentes. Dans une étude menée par Melgar, et al, intitulée «Assessment of country policies affecting reproductive health for adolescents in the Philippines» (Évaluation des politiques nationales affectant la santé reproductive des adolescent(e)s aux Philippines), il a été constaté qu’un nombre significatif de normes et standards du gouvernement philippin sont restrictifs, reflétant la forte influence des croyances religieuses conservatrices. L’étude indique que les valeurs de la hiérarchie catholique et le mouvement dit « pro-vie » sont à l’origine de ces normes. Selon ces croyances, « la contraception moderne porte atteinte à la famille, affaiblit les droits des parents sur leurs enfants et favorise la licence sexuelle »
Ces fortes tendances religieuses constituent des obstacles à l’accès des femmes aux soins de santé reproductive. Par exemple, le maire de Manille a interdit les services de contraception dans les établissements de santé locaux en 2000. Ses interdictions étaient fondées sur ses croyances religieuses. Certaines autorités locales peuvent également refuser de coopérer avec d’autres en raison des divergences politiques ou personnelles.
Heureusement, il existe des organisations non gouvernementales qui s’efforcent de lutter contre la désinformation. Les adolescent(e)s peuvent obtenir des réponses à des questions qu’ils/elles n’auraient normalement pas posées par honte. Il s’agit notamment de ressources en ligne fiables qui ne se substituent pas aux conseils des parents et à une éducation sexuelle complète mais qui contribuent à assurer la sécurité sexuelle des personnes en leur fournissant un guide de soins contraceptifs. Les gens peuvent s’informer sur toutes les méthodes contraceptives disponibles, comparer les différentes options et choisir la meilleure. Avec l’avènement de la technologie, ces plates-formes peuvent constituer un moyen efficace de limiter les grossesses chez les adolescentes.
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À propos de l’auteur : Dawn Macahilo est une activiste de la santé et des droits sexuels et reproductifs basée à Manille.